La S.I.O. au Congo
La S.I.O. au Congo ! Ou comment le professionnalisme et l’enthousiasme de ce groupe de soignants, percolent ils jusqu’aux Cliniques Universitaires et autres hôpitaux de Kinshasa !
En juillet 2012, le professeur Désiré Mashinda de l’Université de Kinshasa, recommande dans sa thèse de doctorat réalisée en Belgique, de former les soignants de l’hôpital kinois aux soins palliatifs et d’y créer une unité spécialisée dans ces soins.
Avec pugnacité et dynamisme, malgré les multiples problèmes économiques et structurels, une unité interdisciplinaire – pionnière pour la RDC-, s’ouvre bientôt aux Cliniques Universitaires de Kinshasa. La plupart des patients cancéreux accueillis, adultes comme enfants, ont des diagnostics lourds et avancés. En effet, de nombreux malades viennent de provinces et villages de l’intérieur du pays où les traitements sont rares et pratiqués par des personnes peu formées à la spécificité de la prise en soins oncologiques.
Très rapidement et répondant ainsi à ses objectifs et valeurs tournés vers le soutien interdisciplinaire et surtout d’infirmiers œuvrant en oncologie et soins palliatifs, toute l’équipe S.I.O., offre une aide matérielle mais surtout de formation aux soignants de Kinshasa.
Primo, par des ateliers théoriques et pratiques (soins de bouche, pompe à morphine, neutropénie,…), offerts sur place à tout professionnel toujours désireux d’apprendre par le partage de savoirs. Plus de 70 personnes/an ont suivi ces ateliers pendant deux à trois semaines, prolongés par la visite de chaque hôpital ayant délégué un ou plusieurs infirmiers, médecins, psychologues, diététiciens, religieux, pharmaciens ou juristes !
Secundo, en parallèle, des échanges par visioconférence se mettent en place afin de pérenniser une continuité de formation « réciproque ». Ceux-ci permettent de mieux comprendre les réalités de chacun et de partager les conseils à la recherche du soulagement des symptômes des patients et de l’accompagnement de leurs proches. Ces « enseignements à distance» regroupent en général de 50 à 90 personnes de tout le pays africain ainsi qu’un nombre significatif de professionnels ‘experts’ belges. « Tout peut y être discuté » ! Des interpellations éthiques face au manque flagrant de moyens malgré une motivation et solidarité des équipes… Aux questions économiques puisque le patient paie tout jusqu’à la simple aiguille, le sparadrap ou les 500 CC de morphine orale à 25 dollars. Tout le matériel est en vente dans les pharmacies de la ville ou à l’hôpital pour celui plus spécifique… mais il doit être obligatoirement acquis avant que le patient puisse être soigné même si c’est urgent!
Et puis, la S.I.O. se fait membre de l’association nationale des soins palliatifs de la République Démocratique du Congo qui prend son envol fin décembre 2021 avec plus de 160 membres. Consolider encore le lien international qui unit des soignants de continents différents est en point de mire. Tout comme, la réflexion à laquelle la S.I.O. se voit conviée en particulier au sein même des Cliniques Universitaires de Kinshasa où un centre de lutte contre le cancer se construit à côté des consultations et services spécialisés en oncologie actuels. Soins spécifiques et formations innovantes et adaptées y seront les critères de soins !
La S.I.O. au Congo…quoi de neuf en 2023 ?
Quelles nouvelles de la S.I.O. au Congo ? Formations et soutien matériel perdurent-ils comme témoigné en début 2022 ?
Oui, les formations en présentiel et en visioconférences, les visites d’hôpitaux et à domicile ainsi que des séminaires avec de nombreux soignants travaillant en oncologie n’ont fait que se renforcer depuis des mois.
Oui, dans un souci de solidarité professionnelle interdisciplinaire, le groupe belge a aidé à financer «une pharmacie d’urgence en oncologie/soins palliatifs » où la solution de morphine orale y tient une place prépondérante.
La S.I.O. est donc un membre actif dans la promotion de l’Association Nationale Congolaise de Soins Palliatifs (ANCSP) en république démographique du Congo qui compte maintenant environ 800 membres !
I. Les formations
A. En présentiel
En 2022-2023, trois ateliers théoriques et pratiques d’environ trois semaines ont eu lieu regroupant chacun environ 100 personnes des principaux services de soins intra et extra hospitaliers de Kinshasa (infirmiers, médecins, psychologues, diététiciens, religieux, pharmaciens, dentistes et juristes).
Ces formations ont intégré de nouvelles unités d’enseignement en soins palliatifs. Comme : la « souffrance des soignants ». Combien mettre des mots sur certains problèmes d’épuisement fut ‘salutaire’ ! Epuisement face aux manques de moyens pour diagnostiquer ou soigner, pour traiter ou se former… Ou encore, vu la fréquence des femmes arrivant trop souvent avec un stade avancé de cancer du sein dans la capitale, la formatrice avec plusieurs équipes de gynécologie, a abordé la « prévention du cancer du sein » sous divers aspects. Rappel épidémiologique de ce fléau par un professeur des CUK. Discussion autour du manque de traitements disponibles, accessibles mais aussi des multiples croyances erronées à l’origine du dit cancer. Enfin, apprentissage de l’autoexamen des seins avec séminaire relatif aux signes alarmants afin que les apprenants par le message qu’ils vont porter dans leur milieu, poussent plus rapidement à consulter en cas d’anomalie et ce, au-delà des superstitions (1). A noter que Think-Pink Belgique a soutenu cette action par le don de folders très appréciés.
Des évaluations émergent le souhait de « passer la main » à des enseignants du pays ! Ceci est prévu en début d’année 2024.
B. Innovation en présentiel
Promouvoir les soins palliatifs ?La formatrice et le professeur Mashinda ont débuté quelques conférences, cours en facultés de médecine et d’enseignement supérieur (ISTEM) ainsi que des visites hospitalières à Kikwit (province du Kwilu) et à Lubumbashi (province du Haut-Katanga). Réellement, rencontrer là-bas, des professionnels motivés, renforce l’implantation en provinces des soins de fin de vie …
C. En Visioconférences
Trente ont été dispensées d’avril 2021 à fin août 2023. Plus d’un quart est relatif à l’évaluation de la douleur et l’administration de la morphine en particulier en néonatalogie et pédiatrie. A remarquer qu’à la demande des professionnels, trois concernaient les défis de création d’équipes de référence en soins palliatifs – diagnostics tardifs, traitements inaccessibles et pauvreté de la population en RDC ! Anamnèses médicale et infirmière, spiritualité, soutien du psychologue, fin de vie en gériatrie et auprès de patients souffrant de drépanocytose sont autant de sujets débattus.
II. La pharmacie d’urgence
Que ce soit à l’hôpital ou à domicile, en camp militaire ou dans les orphelinats, face à l’indigence financière profonde de la plupart des patients rencontrés aux diagnostics lourds et avancés, la S.I.O. a permis d’acheter des médicaments et du matériel (canule trachéale, sondes vésicales…). Que de sérénité « ajoutée » ! Quelle en sera la continuité ?
III. L’Association Nationale Congolaise de Soins Palliatifs (ANCSP)
Pour la S.I.O, consolider encore le lien international entre soignants de continents différents est toujours en point de mire. Site internet et actes notariés relatifs à l’ASBL sont maintenant déposés par l’équipe fondatrice interdisciplinaire. (l’ANCSP est la 1ière ASBL de RDC !) Enfin, plusieurs centaines de membres y sont affiliés. (www.ancsp).
Défendant toujours avec force les valeurs fondamentales enseignées par Florence Nightingale et Hippocrate, la S.I.O. et l’A.N.C.S.P. continuent à travailler ensemble et contribuent sans cesse à offrir plus de soins de qualité aux grands malades, à leurs proches et aux soignants!
Bruxelles, août 2023